Ces dernières semaines ont été endeuillées par des conflits dont l’horreur nous dépasse. Les fêtes de fin d’année qui approchent portent l’espoir sincère du renouveau, de l’ardoise passée à l’éponge.

La période est propice à l’introspection ; une année s’est écoulée, que vais-je faire de celle qui arrive? On se dit que l’on va essayer de "faire mieux", pour soi, pour les autres… et on espère très fort que celles et ceux qui tiennent le gouvernail du monde y pensent aussi.

À l’occasion de la Journée mondiale du bénévolat, célébrée le 5 décembre, nous vous proposons de parcourir les portraits de quelques personnes qui ont décidé de partager la denrée la plus précieuse en notre possession : le temps.

Leurs mots, leurs témoignages, pourront, nous l’espérons, vous inspirer. Une parenthèse en toute simplicité, pour se rappeler qu’il n’y a pas "d’autres", il n’y a que des "nous".



"Je donne de mon temps mais j’ai un vrai retour!"

Émile Collard


Photo: Christian Kerf

Émile Collard est né à Dison et y habite toujours aujourd’hui. Il a consacré sa carrière aux transports, en tant que chauffeur routier international. "Je ne faisais que des longs voyages, je rentrais 24 ou 48 heures, puis je repartais. J’étais toujours tout seul, mais j’appréciais les moments de rencontres avec d’autres routiers, venus de partout dans le monde, avec qui on trouvait toujours le moyen de communiquer".

Lorsqu’on lui demande d’où lui vient sa fibre sociale, Émile explique: "J’ai toujours dû tirer mon plan, dès très jeune. J’ai vite compris qu’avec un grand sourire, on pouvait avoir pas mal de choses, comme avec les cuisinières du pensionnat par exemple (rires)! On a tendance à oublier que sourire, ça ne coûte rien et ça fait toujours plaisir! Le pensionnat m’a vraiment amené à être en contact avec les autres et à développer ce côté social de ma personnalité".

Une fois pensionné, Émile Collard s’investit en tant que bénévole dans plusieurs associations, notamment à la Régie des quartiers Havre-SAC, où il est actif depuis plus de 10 ans en tant qu’administrateur et secrétaire. "J’ai un rôle plutôt manuel, je trouve des meubles et des électroménagers que je vais chercher et que je dépose chez les gens qui en ont besoin, j’aide pour des déménagements, j’accompagne les stagiaires pour certaines activités… Quand je peux faire plaisir, je n’hésite pas".

Parmi ses souvenirs marquants, il nous raconte: "Je me souviens de la première fois que j’ai fait un transport pour la régie, je devais amener une table de salon chez des gens. Arrivé là, le petit garçon de la famille me propose de venir voir sa chambre, qu’il trouve si jolie. Je réalise qu’il dort à même le sol sur un matelas. J’ai trouvé un lit superposé, que je suis allé installer chez lui en surprise. Quand il a découvert sa chambre, il était si heureux qu’il en a pleuré. Voir ce genre d’émotion dans les yeux d’un enfant, ça marque. Je donne de mon temps, mais j’ai un vrai retour!".

Que ce soit pendant sa carrière professionnelle ou maintenant avec ses activités de bénévole, Émile passe beaucoup de temps sur les routes: "Je suis à 15 000 km par an. Conduire est un plaisir pour moi, ce n’est pas une corvée. Il m’est arrivé de troquer mes heures de conduite, par exemple en proposant un trajet jusqu’à Marseille à une dame, qui prend en charge les coûts du trajet et mon hébergement sur place. Ça me permet de rendre service tout en profitant d’un voyage. Je trouve génial quand on a un point fort de le partager avec une personne qui a un autre point fort. J’aime l’idée d’échanger les services".

Outre ses activités pour la Régie, Émile est également bénévole à l’ASBL L’Oasis des ânes, un refuge à Bombaye: "Je suis plus souvent dans l’enclos des ânes handicapés, qui ont des problèmes de vue ou de mobilité. Pour moi, ce sont des moments de calme, qui me permettent de me ressourcer". Sans oublier aussi l’ASBL Les Amis de Cibombo, où il assure bon nombre de transports ; Farnières-Haïti, association pour laquelle il a déjà fait un voyage humanitaire en 2009, et qu’il aide maintenant avec l’organisation et le chargement de dons vers Haïti. Enfin, il est conseiller en action sociale au CPAS de Dison, où il aide à la distribution de colis.

Émile Collard s’est vu conférer l’insigne d’honneur d’argent de lauréat du travail dans le secteur "transport de marchandises par la route, logistique pour compte de tiers" par sa majesté le Roi en 2009.

"Faire du bénévolat, c’est mon moteur"
Laurence Dayez  



"Je préfèrerais que l’on parle surtout de l’école, pas de moi", c’est ainsi que commence l’entretien avec Laurence Dayez, bénévole à l’École de devoirs Le petit coup de pouce.

Cette EDD fut créée par des bénévoles de l’ASBL Solidarité 600 dans le quartier de Fonds de Loup à Dison-Andrimont. Laurence s’y investit avec énergie et passion depuis 7 ans, dont 3 ans en tant que co- responsable "Je ne dirais pas que c’est la maison du bonheur, mais quand même, tout se passe bien, les enfants viennent avec plaisir, les parents sont contents et reconnaissants…"

Juriste de formation, elle a été pendant 40 ans Cadre dans l’administration. C’est au moment de sa pension qu’elle a pu pleinement se consacrer à ses activités de bénévolat: "J’ai toujours été attirée par le social, le contact avec les gens. Maintenant que j’ai plus de temps, je travaille à l’école de devoirs à raison de deux après-midi par semaine. On organise aussi toute une série d’activités : des ateliers créatifs, des projections de cinéma, nous allons régulièrement voir des spectacles au Centre culturel…"

L’équipe est composée de 12 bénévoles pour 25 enfants environ "Les bénévoles viennent de milieux divers, il n’est pas requis d’avoir travaillé dans le domaine de l’enseignement pour s’investir, il suffit d’avoir les notions de base en français et en math et surtout d’avoir envie de transmettre!" Chaque bénévole s’occupe de deux enfants maximum tout au long de l’année scolaire "Cette organisation permet de vraiment suivre les enfants, de bien les connaître."

Le nombre de places étant limité, Le Petit coup de pouce se fixe quelques critères d’admission. "Même lorsqu’un enfant travaille bien, s’il n’y a personne à la maison qui peut aider, cela reste une difficulté. Notre première condition est donc que l’enfant en ait véritablement besoin. Il faut aussi habiter dans le quartier, être motivé·e et que les parents le soient également!"

Depuis quelques semaines, Laurence a dû s’absenter pour raisons médicales, mais compte bien reprendre ses fonctions dès que cela sera possible "Ça me manque terriblement, j’ai hâte de recommencer, j’espère au plus vite. J’ai pu continuer à gérer certaines choses à distance, mais ce n’est pas pareil. Ces enfants sont si attachants. J’ai besoin de faire du bénévolat, c’est mon moteur, sans cela, j’aurais l’impression que ma vie est stérile".

"Dans le monde actuel, la solidarité et l’empathie, c’est primordial!"
José Maréchal 



Pour se présenter, José nous partage son totem scout, histoire de cerner sa personnalité : Fourmi serviable acquis!

"Le travail, le fait de rendre service, sont des éléments qui ont toujours fait partie de ma personnalité. Je n’ai fait que développer au fil du temps ce pour quoi je suis sur terre". La rencontre avec cet ancien responsable de production à la laiterie de Dison se poursuit avec un visuel assez parlant, celui de son Google agenda. Sans lire les détails, on perçoit assez vite un bon quota de cases colorées avec de nombreuses tâches et événements à ne pas oublier… c’est que tout va à 100 à l’heure chez les Maréchal. Entre la vie de famille, les loisirs et les activités bénévoles, la logistique et l’organisation sont de mise. Solidarité 600, les amis de Cibombo, la régie des quartiers Havre-SAC, la paroisse sont autant d’associations où il donne de son temps et pour lesquelles il active son large réseau "Je fais souvent appel à des copains pour m’aider dans différents services, que ce soit pour du matériel ou des compétences… Comme je dis souvent, il y a plus dans deux têtes que dans une!"

José Maréchal se soucie de l’aide qui peut être apportée localement ou beaucoup plus loin… "Je me suis associé à certaines opérations en Tanzanie ou en Roumanie, pour récolter du matériel, pour appuyer la création d’infrastructures telles que des pompes à eau ou des panneaux photovoltaïques… Avec Solidarité 600, il y avait au-dessus du bâtiment un appartement que nous pouvions mettre à la disposition provisoire de familles étrangères en difficulté. On se demande pourquoi tant de gens se déplacent, c’est juste logique, quand vous êtes dans un pays en guerre ou quand vous faites face à des catastrophes climatiques, vous fuyez, c’est tout, c’est l’instinct de survie. Penser que les migrants sont gênants, c’est oublier que ce sont des êtres humains! Dans notre monde actuel, on a besoin de solidarité et d’empathie".

Dans cet appartement, il se souvient notamment d’une famille kazakhe: "Cette famille vit toujours en Belgique aujourd’hui. L’un des enfants a étudié la criminologie, il a eu beaucoup de succès dans ses études et dans son parcours professionnel. Cela fait plaisir de voir comment il a pu s’en sortir en partant de rien".

Déménagements, transports de matériel et de colis alimentaires, réparations et bricolages en tous genres, aides ponctuelles chez des particuliers… la liste de ses occupations est longue et non exhaustive. "Je sais que je ne vais pas sauver le monde, et d’ailleurs je ne pourrais rien faire tout seul. C’est juste que je me suis construit une vie qui me permet de donner de mon temps et de ne pas devoir compter le moindre kilomètre. De toute façon, je ne suis pas intéressé par l’argent, il y a d’autres monnaies! L’argent est un moyen, par une fin en soi".

Les bras chargés de deux bons cubis de jus de pomme bio pour nos prochaines activités, nous quittons la maison de José Maréchal, sans oublier de visiter son fabuleux jardin, sorte d’oasis autonome à deux pas du centre-ville. Son bon sens implacable et débordant d’humanité est contagieux. Atchoum!

"Le partage est une valeur clé dans un mouvement de jeunesse"
Morgan Grandjean 



À 26 ans, Morgan Grandjean a déjà 10 années d’expérience en tant qu’animateur au patro d’Andrimont, même s’il le fréquente depuis bien plus jeune: "Je suis au patro depuis l’âge de 4 ans. Je me souviens regarder les animateurs et me disant que j’aimerais être à leur place. En tant qu’animé, on a l’opportunité de tester le rôle d’animateur, de se mettre dans le bain. La fédération organise également des formations, ça m’a directement beaucoup plu. Lors de la seconde formation, j’ai passé une semaine avec des gens que je n’aurais jamais rencontrés autrement, c’était motivant de se rassembler avec d’autres personnes qui avaient la même volonté que moi de s’investir au sein d’un mouvement de jeunesse".

Son rôle d’animateur l’amène à prendre en charge différentes missions au service de la collectivité: organiser des activités, planifier des jeux, assurer la logistique lors des camps, etc. "Depuis assez récemment, j’assure également des postes de garderie à Dison. Changer les enfants, les aider à se brosser les dents, leur donner à manger… toutes ces tâches simples me préparent finalement à ma vie future, surtout que je rêve d’avoir une famille."

Dans le patro Saint-Laurent d’Andrimont, les enfants se retrouvent une semaine sur deux pour faire différentes activités, pensées en amont par les animateurs·trices. Il y a 3 à 4 animateur·trices par section d’âge, avec une personne référente qui se charge de la communication vers les parents. Les enfants peuvent intégrer le mouvement à n’importe quel moment dès 5 ans, avec la possibilité de tester deux réunions avant de s’y engager pour de bon. "Nous avons eu pas mal de nouvelles affiliations cette année. Dans une société qui incite les enfants à être plus vite derrière un écran plutôt que de mettre le nez dehors, c’est encourageant".

Quand on demande à Morgan la valeur importante qui prédomine dans un patro, sa réponse est instinctive: "Quand on parle de patro, on parle avant tout de partage. C’est d’ailleurs une valeur importante et commune à tous les mouvements de jeunesse. Que ce soit dans les activités ou lors de camps, on favorise la coopération, la collaboration. Cette notion doit perdurer au travers des générations".

Le travail avec les jeunes l’a-t-il influencé dans son choix de carrière? "Si oui, plutôt de façon inconsciente! Je suis titulaire d’un bachelier en bande dessinée à l’École supérieure des arts Saint-Luc à Liège, et par la suite, j’ai fait un certificat d’aptitudes pédagogiques pour pouvoir enseigner l’art dans le secondaire. Mon travail d’animateur m’a clairement aidé pour interagir avec des jeunes dans ce cadre. Ce n’était pas mon plan initial, mais ça me plaît pas mal, même si mon rêve reste la création de bandes dessinées".

Il y a quelques années, des animateurs·trices ont suscité chez lui une certaine vocation, désormais, lui aussi peut activer cette passation de flambeau: "Depuis peu, j’anime les jeunes avec un ancien animé, il commence à découvrir les différentes facettes de ce rôle. Il y a une certaine satisfaction à le voir faire des jeux avec les enfants et voir que tout se passe bien."


CHIFFRES

736 000 personnes s’engagent bénévolement pour des organisations, soit 8% de la population.

200h par an c’est la moyenne d’investissement d’un volontaire sur une année, soit 4 h/semaine.

143 millions d’heures par an c’est le total des heures offertes par les bénévoles aux organisations.

54% des volontaires ont un emploi, 23 % sont pensionnés et 15 % sont étudiants.

1 sur 3 a plus de 60 ans et 1 sur 5 a moins de 30 ans… mais les plus de 60 ans sont plus nombreux dans la population

23% Le secteur culturel et socioculturel remporte la palme en matière d’activités volontaires, suivi par le sport (18%), l’aide sociale (13%), l’enseignement, la formation et la recherche (12%), la défense des droits et intérêts (11%) et la jeunesse (11%), puis viennent le secteur religieux (6%) et celui des soins de santé (4,5%).

Chiffres basés sur une enquête réalisée en 2020 à l’initiative de la Fondation Roi Baudouin. Enquête complète à retrouver sur www.levolontariat.be 


CONTACTS DES ASSOCIATIONS CITÉES

Le Petit coup de pouce
Accueil, citoyenneté, entraide français, jeux, échanges pour les enfants du quartier Fonds de Loup.
R. des Franchimontois, 12 4821 Andrimont | Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
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Les Amis de Cibombo
Cette association de fait, issue de l’ASBL IPAMEC de Tihange, mène des actions de solidarité en République démocratique du Congo (RDC). Et tout particulièrement à Cibombo, village situé dans la province du Kasaï.
Rue du Bois, 79 4820 Dison | www.ipamec.be
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Patro Saint-Laurent
Mouvement de jeunesse pour les petits et les grands!
Rue sous le Château, 49A Andrimont | 0498 59 13 83 | Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.  
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Régie des quartiers Havre-Sac
Un lieu de référence et de proximité pour les habitants du quartier et de la commune tant au niveau de l’orientation professionnelle qu’au niveau social. Les missions dévolues à l’ASBL s’inscrivent dans un contexte global de lutte contre le chômage et l’exclusion sociale.
Rue d’Andrimont, 52 Dison | 087 35 46 60 - 087 78 36 12 | Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
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