Jacky Lacroix, animateur jeunesse et figure moustachue incontournable de l’histoire du Centre culturel de Dison, pose ses yeux rieurs sur quelques événements et artistes qui ont pimenté plus de 40 années d’expériences.

Des petits bouts d’une histoire collective à partager blotti·e·s au coin du feu, ou étalé·e·s à côté du ventilo.














Le picking de Jacques Stotzem

Premier artiste cité par Jacky dans notre petite Walk of fame disonaise, Jacques Stotzem : "Jacques Cardoen et moi étions animateurs d’ateliers guitare. Je connaissais Jacques Stotzem du groupe Smooky Mokes, son style picking pouvait amener une touche intéressante à nos ateliers, on a donc fait appel à lui. Il nous a rejoint en 1982 et est resté deux ans environ. Il donnait cours dans la tour du Château d’Ottomont, mais aussi parfois... dans la cuisine ! Il n’était pas encore la vedette reconnue qu’il est devenue par la suite."



Roland Magdane, ça défroisse!

Plus tard, en 1985, une autre moustache frétillante séduira un public venu en masse: "Roland Magdane cherchait une salle en Belgique pour tester un nouveau spectacle, et on lui a proposé la salle des fêtes. 500 personnes sont venues le voir". Un souvenir non-exempt de moments cocasses : "Il m’a demandé un fer à repasser pour son célèbre pantalon avec les genoux à pièces blanches, mais je n’en avais pas. On a dû aller sonner chez une voisine pour lui en emprunter un!".

Jacky se souvient avoir été plutôt impressionné par l’humoriste "J’étais juste derrière lui quand les rideaux se sont ouverts, j’ai senti son stress, il a assuré pratiquement 2 heures de one man show, tout seul, sans musiciens ni bande son! C’est là que je me suis dit, c’est un grand!".



Marka, l’eau et le feu

Petit bond dans le temps, nous voilà en 1991, lors d’une édition des Fêtes de la Musique accablée par la pluie, qui a précipité la découverte d’un artiste bien de chez nous : "Nous avions obtenu beaucoup de subsides, c’était un tout tout beau podium, avec Sttellla notamment. On attendait du monde, et puis un orage cataclysmique nous est tombé dessus pendant plus d’une heure, si bien que le parc a été complètement vidé. C’était trop dangereux de continuer, une petite centaine de personnes s’était même réfugiée dans le Château d’Ottomont".

C’est là que l’animateur RTBF Pierre Collard-Bovy souffle une idée à l’oreille de Jacky. "Il m’a dit qu’un jeune chanteur bruxellois, Marka, était présent, que si je trouvais un micro et un ampli, il pouvait mettre le feu, au moins pour les gens qui étaient là! On s’est débrouillé pour trouver le petit matériel, Marka est monté sur deux tables et nous a chanté Elisabeth, Accouplés, toutes ses premières chansons qui lui ont valu le succès qu’on lui connaît maintenant!". Après plus de 40 ans dans le métier, Marka, 58 ans aujourd’hui, vit la situation exceptionnelle d’avoir ses deux enfants, Romeo Elvis et Angèle, au sommet de l’industrie musicale.

Le very good trip de Marla Glen

En 1993, Marla Glen, chanteuse américaine de blues de renommée internationale, se retrouve à l’affiche de Musicolor, une fête musicale et interculturelle : "C’est la plus grande star que l’on ait jamais accueillie, ce fut l’un des plus beaux spectacles auquel j’ai assisté personnellement, que ce soit musicalement ou au niveau de l’ambiance et du public, un grand moment!"

Si nos animateurs et nos animatrices savent qu’il faut parfois être préparé·es à des demandes particulières venant des artistes, celle de Marla fut plutôt inattendue : "Avant de monter sur scène, elle voulait absolument de la beuh, du cannabis. On a dû demander à quelqu’un que l’on connaissait s’il était possible de s’en procurer et, 30 minutes plus tard, il y avait une dizaine de personnes devant l’entrée de la loge de la musicienne, qui attendaient de partager un joint avec elle!".

Kool Shen... battle et punchlines

Faire appel à sa mémoire implique aussi de ressortir des tiroirs des souvenirs un peu moins agréables... Début 2000, c’est le moment où le Centre culturel de Dison met en place toute une série d’activités liées au hip hop, notamment un festival, qui aura lieu trois années de suite : "Kool Shen, de NTM, a pu être programmé. C’est malheureusement suite à sa venue que l’on a connu des débordements malheureux avec des casseurs venus de Paris...".

Le temps ayant fait son œuvre, il est maintenant possible de repenser à cet événement en esquissant un sourire, même si le hip hop a dû être mis en veilleuse à Dison pendant plusieurs années. "Heureusement, la machine est relancée, avec des concerts, des ateliers ou encore le festival Mouvements, en 2015."



Perry Rose : 0 – Italie : 1

Perry Rose est un habitué du Centre culturel de Dison, car en plus d’être talentueux, il est d’une gentillesse extraordinaire. "La fois qui m’a le plus marqué, c’est lors d’un concert prévu au moment de la coupe d’Europe de football. Ce 18 juin 2012, la Belgique ne jouait pas, le match du jour opposait l’Irlande et l’Italie, or Perry Rose est Irlandais".

Perry avait demandé une télévision pour pouvoir voir le match avant son concert, et malheureusement pour lui, l’Irlande a perdu 2-0 face à l’Italie et a été éliminée de la coupe d’Europe. "Il a quand même dû monter sur scène, il m’a dit que devoir chanter dans des conditions pareilles, c’était la pire chose qui lui soit arrivée de sa vie!".


Anecdote
"Le podium et le tracteur" par Jacques de La Fontaine

Chaque année, pour les Fêtes de la Musique, le Centre culturel de Dison avait la possibilité d’avoir un podium gratuit appartenant à la commune d’Eupen. Seule condition, aller le chercher...

"Les ouvriers communaux chargés du transport de la remorque avaient remarqué que le système d’éclairage n’était pas conforme, et n’ont donc pas ramené le matériel. Un pote à moi, Remi Hardi, fermier bio à Moresnet, a accepté de nous dépanner avec son tracteur. 

Le voyage s’est avéré plutôt dangereux, la remorque était tellement lourde qu’elle poussait son tracteur, il s’est même retrouvé deux fois en dehors de la route. Un trajet horrible, qui a duré 2h30 par les petits chemins, avec la peur au ventre et le moteur fumant.

Il est arrivé à Dison tout rouge, énervé, fatigué, me disant bien qu'il ne ferait pas le trajet retour, impossible! Le lendemain, au moment de déplier le matériel, nous avons trouvé à l'intérieur... une vingtaine d'auto-scooters! Remi s'était trompé de remorque et avait pris celle de forains!

Heureusement, le régisseur de la compagnie des Baladins du Miroir a pu refaire le trajet avec son camion. Nous avons été sauvés à peine 10 heures avant le début des activités, je crois que je n’ai jamais été aussi stressé que cette fois-là!".

Moralité? Cette leçon vaut bien un podium, sans doute. Notre Jacky honteux et confus jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.