Rencontre avec Véronique Nicolas, coordinatrice de la Régie des Quartiers Havre-SAC, qui nous présente la future implantation "Kilis Kids", un lieu d’accueil pour les bambins dont les parents sont en trajets, occupés à réaliser des démarches d’insertion sociale et/ou professionnelle.













Qu’est-ce que la halte d’accueil "Kilis Kids"?

V.N. : Il s’agit d’un projet d’accueil qui s’éloigne du modèle traditionnel de la crèche, avec une offre de garde ponctuelle d’enfants entre 0 et 3 ans. Les enfants seront accueillis tous les jours de la semaine de 8h30 à 16h au sein de la future implantation de la Régie des Quartiers.



Quel est le projet pédagogique?

Il sera encadré par deux puéricultrices ou puériculteurs, qui accueilleront jusqu’à 7 enfants. L’équipe encadrante veillera au respect du rythme de l’enfant, à l’éveil par les jeux, à la sociabilisation et à l’autonomie progressive en vue de l’entrée dans l’établissement
scolaire.

Nous gardons une flexibilité au niveau des places disponibles, mais toute inscription devra passer par une visite et par l'aval de notre projet d'accueil. La période de familiarisation est un élément important, elle sera moins longue que dans les structures classiques, mais il est primordial de prendre le temps de découvrir le lieu, pour que l’enfant se sente sécurisé. Ce n’est pas une simple garderie, le lien entre l’équipe et les familles est crucial.

Qui pourra bénéficier de ce service?

La priorité est mise pour les enfants dont les parents sont occupés à réaliser des démarches d’insertion sociale (rendez-vous au CPAS, à la commune, chez le médecin…) ou professionnelle (recherche d’emploi, de formation, remise à jour du CV et de la lettre de motivation à l’Espace Public Numérique, rencontre avec des agences intérim…). Ces démarches sont fondamentales dans la vie de tous les jours et touchent pas mal de personnes sur la commune.

Les familles primo-arrivantes seront également prioritaires, car cela implique pour les parents un parcours d’intégration qui comporte une série de cours de français ou d’alphabétisation, de citoyenneté, avec également des procédures de remise en ordre administrative. Enfin, les enfants qui se trouvent dans des situations familiales compliquées pourront aussi trouver des solutions via cette Halte d’Accueil.

L’idée est aussi de pouvoir simplement permettre aux parents de souffler, de pouvoir faire des courses, s’occuper de la maison, prendre quelques heures pour se recentrer.

Comment est né ce projet, de quels constats?

Avec la Régie des Quartiers, nous avons toujours mis en place des actions parce qu’elles répondaient à des besoins identifiés auprès de nos publics. Nous suivons des personnes qui peuvent cumuler des difficultés, qu’elles soient d’ordre social, économique, médical, juridique, etc.

Nous nous sommes rendu compte que parmi ces difficultés, la problématique de la garde d’enfants revenait régulièrement. Ce projet se veut bénéfique à l’ensemble de la cellule familiale, qui permet au parent d’avoir un temps privilégié pour être accompagné dans sa problématique, et qui permet à l’enfant de rencontrer d’autres petits bouts, d’être pris en charge avec attention et d’être préparé à l’entrée à l’école.

De façon plus globale, quelle est la situation socio-économique à Dison?

Au niveau de l’indicateur d’accès aux droits fondamentaux, il est clair que Dison représente une moyenne peu favorable par rapport à la moyenne régionale, notamment par rapport à l’accès au travail et à la formation. Nous avons un taux de chômage et de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale assez important. Il y a aussi de nombreuses familles monoparentales.

D’où l’importance d’avoir des actions ciblées avec les publics que l’on rencontre sur la commune, pour pouvoir lever petit à petit les différents freins qui compliquent l’accès à ces droits.

Ce projet est donc le point de départ d’un accompagnement plus vaste?

Oui, d’autant plus qu’il s’agit d’un projet qui se veut transversal. Au-delà du fait d'accueillir des enfants, qui reste évidemment la priorité, nous souhaitons pouvoir développer des projets orientés parentalité, grâce à l’expertise de différents partenaires, comme le Plan de Cohésion Sociale, le CPAS, la Maison médicale, l’ONE, la crèche Les p’tits loups, l’École de Devoirs, le Centre culturel de Dison…

Ces partenaires sont essentiels et pourront être complémentaires par rapport à notre intervention, en proposant des activités pour les enfants, des possibilités de suivi, l’attention au bien-être des enfants, la mise en place d’actions de sensibilisation et de prévention…

Comment la crise du COVID a-telle impacté le public visé par ce projet?

Avec cette année de confinement, les gens se sont sentis d’autant plus isolés dans leurs démarches et leurs recherches d’emploi. Se retrouver seul·e avec ses enfants quand il y a déjà des difficultés d’ordre personnel, c’est compliqué. Ce projet répond de façon structurelle à un besoin qui était déjà identifié, mais amplifié par ce que nous connaissons actuellement.

Infos et inscriptions:
▸ Contactez le 087 35 46 60, un premier rendez-vous d’explication du projet d’accueil et de ses modalités pratiques vous sera proposé.
▸ Kilis Kids vous accueille du lundi au vendredi de 8h30 à 16h – 54 rue d’Andrimont à 4820 Dison.
▸ Inscription par 1/2 journée (de 8h30 à 12h ou de 12h à 16h) ou par journée complète (de 8h30 à 16h). L'inscription est demandée au minimum une semaine avant la garde. Un temps de familiarisation sera obligatoire si c’est la toute première fois.
▸ Tarif : 0,50 €/demi-heure




Chiffres
L'accueil des enfants de moins de 3 ans

Les chiffres clés en 2020

66% des parents déclarent que leur enfant de moins de 3 ans fréquente un milieu d’accueil.
1500€. Les parents qui ont des revenus inférieurs à 1500€ sont 57% à ne pas placer leurs enfants en milieu d’accueil contre 26% de ceux ayant des revenus de 5000€ ou plus.
66% 2 parents sur 3 (66%) estiment qu’il est difficile de trouver une place dans un milieu d’accueil. 15% jugent que c’est très difficile.
63% des parents indiquent que leur enfant est accueilli par une structure appliquant les barèmes tarifaires progressifs de l’ONE, en fonction de leurs revenus.

Source : Ligue des Familles - Baromètre des parents 2020


 


Crècheless
Trouver une place en crèche, difficile pour 2 parents sur 3!

Trouver une place pour son enfant dans un milieu d’accueil est loin d’être une sinécure. Dans son Baromètre des parents 2020, la Ligue de Familles publie des chiffres qui restent éloquents.

"Pour les parents interrogés, trouver une place dans un milieu d’accueil est jugé très difficile par 15% d’entre eux et difficile par 51% d’entre eux, formant un total de 66%. Une minorité y a trouvé facilement (31%) ou très facilement (4%) une place. Le nombre de répondant·e·s à cette question pour chaque province est malheureusement trop faible pour pouvoir distinguer, de manière fiable, ces résultats selon l’origine géographique." Baromètre des parents 2020, p. 37.

Outre le manque de place criant dans les structures d’accueil en Fédération Wallonie-Bruxelles, d’autres difficultés, parfois moins visibles, entrent en compte lorsqu’il s’agit de la garde de jeunes enfants.

Véronique Nicolas nous détaille quelques observations qu’elle a pu faire sur le territoire disonais.

Freins culturels

V. N. : "On sait qu’actuellement, il faut presque chercher un milieu d’accueil dès qu’il y a un projet d’enfant. Notre expérience de terrain avec la Régie des Quartiers nous montre que nos publics ne vont pas toujours anticiper ce type de démarche. Pour certains parents, les structures d’accueil plus classiques type crèche ne sont pas forcément privilégiées, car il y a aussi un frein symbolique, culturel parfois."

Freins de mobilité

V. N. : "Il n’y avait pas d’initiative telle que celle-ci sur notre territoire. Il y a une Halte d’accueil à Ensival, c’est ce qui a d’ailleurs aidé la Régie à visualiser son propre projet d’implantation. À Stembert, il existe une crèche qui donne une priorité aux enfants dont les parents sont en formation. Mais voilà, aller à un endroit ou l’autre se révèle parfois un réel parcours du combattant!". Avec Kilis Kids à Dison, l’ambition est donc d’amoindrir les difficultés de mobilité qui peuvent exister.



Freins de flexibilité

V. N. : "Les crèches classiques doivent parfois refuser des parents qui ont des besoins plus ponctuels. Notre projet se veut réellement flexible dans les modalités d’accueil".

Freins économiques

Dans son Baromètre, la Ligue des Familles indique : "Le coût médian de l’accueil en crèche est de 309 € par enfant par mois. On constate qu’un parent sur 5 ne met pas son enfant en crèche en raison du coût."

À Dison, La Régie des Quartiers avait développé des initiatives en partenariat avec deux crèches de la commune, dont une qui permettait de pallier aux difficultés sociales et financières que peuvent rencontrer certains parents.

Véronique Nicolas explique : "Le volet formation nous permettait avec le Forem de prendre en charge une partie des frais de garderie pour les enfants. La Halte d’Accueil, c’est une envie d’aller un pas plus loin dans cette démarche."

À noter que les tarifs de Kilis Kids sont fixés à 0,50 € par demi-heure de garde.

Plus de lieux d'accueil alternatifs?

Bénédicte Linard, Ministre de la Petite Enfance, semble sensible à la valorisation et au développement de projets tels que celui à naître sur Dison.

À ce propos, Véronique Nicolas conclut : "Dans une note d’intention, la ministre trouve beaucoup de sens dans ces projets alternatifs qui répondent à des besoins sociétaux et sociaux. Cela laisse des pistes d’espoir quant à des moyens supplémentaires pour renforcer ces structures à l’avenir. Augmenter la capacité d'accueil et la capacité du taux d'encadrement de Kilis Kids fait clairement partie de nos projets à moyen ou à plus long terme. On commence petitement, pour mieux s’épanouir par la suite!"




Illustration: Odile Brée.